Eurville (Haute-Marne) – 52410
Détails:
- Code postal: 52410
- Arrondissement: Saint-Dizier
- Département: Haute Marne
- Code insee: 52194
- Wikipédia (lien vers): https://fr.wikipedia.org/wiki/Eurville-Bienville
Description:
En cours de construction…
Eurville – Vallée de la Marne
La commune est issue de la fusion en 1972 des deux villages localisés de part et d’autre de la Marne, Eurville sur la rive gauche, Bienville sur la droite.
Déjà aux XIIIe et XIVe siècles, il est fait mention d’une usine métallurgique à Eurville, qui fut remaniée au milieu du XVIIe siècle, avant d’être reconstruite à la fin du XVIIIe siècle. Elle comportait en 1772 un haut-fourneau et trois affineries et était dirigée par les héritiers de Thomas Gohel, pour une production annuelle de 500 tonnes de fonte et 315 tonnes de fer. Peu après, un second haut-fourneau (le premier existant depuis 200 ans !) fut monté.
En 1780, une fenderie lui fut adjointe. Autorisée par Ordonnance royale du 10 septembre 1782, Lepage, maître de forges, fait construire la Forge Neuve et deux affineries sur la rive droite de la Marne. Cet agrandissement entraînera une rareté et une cherté du bois qui provoqua une diminution d’activité des forges voisines (la forge d’Eurville employait alors 40 000 cordes de bois soit environ 110 000 stères !).
Lepage fit construire un pont sur la Marne pour relier les deux usines. Il lui en coûtera 20 000 livres. Il avait auparavant dépensé 100 000 écus pour la forge. En 1799, Eurville était la plus belle et la plus grande forge du département. En 1818, les deux usines comprennent deux hauts-fourneaux, cinq affineries, une fenderie, un martinet, deux bocards, un patouillet. La production est alors de 750 tonnes de fonte transformée en 600 tonnes de fer. Pour ce faire, il fallait 1 875 tonnes de minerai lavé (le minerai était alors extrait sur la commune aux lieux-dits Montgérard et Taille-sur-Eurville de 1825 à 1867) et 2 550 tonnes de charbon de bois. Le personnel comprenait cinquante-cinq ouvriers de forge, vingt-deux minerons, cent quarante forestiers et trente-six voituriers.
En 1834, la forge appartient à la famille Lespérut des Réaulx, qui remplace les foyers d’affinerie par des fours à puddler, le fer étant ensuite traité au marteau. Un décret du 20 juin 1850 autorisait les héritiers de Lespérut à installer à la Vieille Forge une forge à laminoirs (forge anglaise) qui comportera 15 ans plus tard 15 fours à puddler, 3 fours à réchauffer, 1 marteaupilon, 1 presse, 7 trains de laminoirs, 10 bobines de tréfilerie, 4 roues hydrauliques, 4 machines à vapeur (240 CV). Ceci entraînera l’arrêt de l’affinerie au marteau de la Forge Neuve. Cette dernière allait alors revivre avec l’installation de quatre hauts-fourneaux modernes avec soufflerie mue par trois machines à vapeur. Les deux hauts-fourneaux de la Vieille Forge seront alors arrêtés, puis démolis en 1866. Les nouveaux hauts-fourneaux pouvaient produire chacun 1 000 tonnes par an au charbon de bois ou 3 000 tonnes par an au coke. En 1880, un seul est encore en activité. Le dernier sera arrêté en 1885.
L’activité industrielle d’Eurville était intense. Monseigneur Fèvre écrit, en 1880, dans ses Souvenirs et Monuments d’Eurville : « En ce moment, les chauffeurs, vêtus d’un large carreau, sont à leurs fours : ils poussent la houille, jouent du ringard pour faire tomber l’escarbille, ou retournent les pièces par la portière entrouverte. Les autres ouvriers, dégrossisseurs, lamineurs, receveurs, redresseurs, goujats, se reposent… Tout à coup une main exercée frappe sur une pièce de métal le chant du travail. Le volant commence sa ronde et élève la voix. Tous de courir, de se croiser, d’arriver. Le chauffeur, comme un recteur suivi des quatre facultés pousse devant lui la pièce à fabriquer. Le dégrossisseur la saisit d’un bras fort et la pousse entre les cylindres. La pièce va d’un ouvrier à l’autre ; elle passe, elle repasse ; elle prend forme, s’allonge en ruban, s’arrondit en machine, se creuse en cornière, se fait petite comme un fil… ». Dès lors, l’usine produira du fer marchand : de 12 000 à 16 000 tonnes par an, obtenu à partir de fontes de Haute-Marne et de Meurthe-et-Moselle (cf. article J.-Y. Somborn sur les hauts-fourneaux de Maxéville – Fontes n° 9). Il y eut une reconversion de l’usine en tréfilerie, dirigée par la famille Marcelot, et ce jusqu’en 1960. Il subsiste des bâtiments, friches industrielles reconverties.
L’histoire de l’usine a été endeuillée en 1884. Un an et demi après le terrible accident de Marnaval, un accident identique survenait à Eurville, le 10 juillet. L’explosion d’une chaudière fit 21 morts et 35 blessés. On mesure, devant de tels drames, le danger de ces installations qui disparaîtront rapidement.
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